12/27/2007

RAPPORT FINAL

ATELIER DE CONCERTATION SUR LA GESTION DURABLE DES RAPHIALES ET ROTIN

Résumé exécutif :
Du 06 au 07 juin 2007, un atelier de concertation sur la gestion des raphiales et des rotins a été organisé à l’Université de Dschang dans le cadre du projet « Analyse de la gestion des ressources naturelles dans les régions des hautes terres et côtières du Cameroun : cas des raphiales et des rotins ». Piloté par le Groupement d’Intérêt Economique de l’Université de Dschang (GIE-UDS), et appuyé par la Facilité pour la Gouvernance Forestière (FGF), ledit atelier s’est déroulé dans les locaux du GIE-UDS sur le campus A.
Le principal objectif de la rencontre était d’identifier des stratégies de mise en place d’une plate-forme opérationnelle d’information et de sensibilisation autour de la gestion durable des raphiales et rotins. Au préalable un tour d’horizon a permis d’harmoniser les problématiques autour de la gestion des ressources concernées.
Ouvert par des cérémonies présidées par le Recteur de l’Université de Dschang accompagné de son staff, du Préfet de la Menoua et du Maire de la Commune Urbaine de Dschang, la rencontre s’est déroulé avec 36 participants issus des secteurs divers. Outre les administrations publiques les plus directement impliquées (services déconcentrés de l’Etat et les institutions de la recherche), des communicateurs (médias publics et privés) et les Organisations de la Société Civile ont activement pris part aux travaux.
Coordonné par une équipe du GIE-UDS, l’atelier, animé de façon participative a permis d’aboutir à des résultats globalement satisfaisants :
-la synthèse sur la gestion des raphiales et rotins dans les régions de référence,
-la validation et l’appropriation des problématiques soulevées par le présent projet, la formulation des recommandations à l’endroit des acteurs impliqués,
-la création d’un réseau interdisciplinaire pour une gestion durable des raphiales et des rotins. Les perspectives immédiates sont tournées vers l’effectivité du Reseau Raphiales et Rotins du Cameroun, à travers l’élaboration et la l’adoption des Statuts au terme d’une Assemblée Générale dans un délai proche.



Liste des abréviations
CERUT : Centre for rural transformation
FGF : Facilité pour la gouvernance forestière
GIE-UDS: Groupement d’intérêt économique de l’Université de Dschang
INBAR : International network of bamboo and rattan
IUCN : International union for conservation of nature and resources
MIPROMALO : Mission de Promotion des Matériaux Locaux
OIBT : office international des bois tropicaux
ONG : organisation non gouvernementale
OSC: organisation de la société civile
PNUE : programme des nations unies pour l’environnement
TV : Télévision
UDs : Université de Dschang
UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization
WAC: World Agroforestry Centre (ICRAF)
WCS: Wild life conservation society
WWF: world wildlife fund for nature















Discours d’ouverture du Recteur de l’Université de Dschang
Monsieur le Préfet du Département de la Menoua, Monsieur le Maire de la Commune Urbaine de Dschang, Leurs Majestés les Chefs Supérieurs Foto et Foréké, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Chers invités et participants à l’atelier de concertation sur les raphiales et rotins,
L’Université de Dschang est heureuse d’accueillir ces deux jours les travaux de réflexion sur la gestion durable des ressources naturelles. De part sa fonction traditionnelle de formation, de recherche et d’appui au développement, notre institution ne saurait rester à côté des défis énormes qui sont ceux de notre pays. Le GIE-UDS que nous avons mis en place ambitionne de mobiliser et d’intensifier la participation de cette Université au développement du Cameroun.
La stratégie choisie est celle de la formation et de vente de l’expertise universitaire. L’intérêt pour les questions environnementales n’est plus à justifier étant donné la masse d’informations actuellement disponibles dans le domaine. La gestion environnementale du Cameroun exige aussi notre contribution. C’est pour cette raison que nous sommes engagés à participer à la dynamique qui se met en place dans la cadre du Programme Sectoriel Forêt Environnement. Dans cette optique, la Facilité pour la Gouvernance Forestière, notre partenaire dans ce projet a suggéré un ensemble de thématiques ou points brûlants.
La journée mondiale de l’environnement célébrée de fraîche date avait pour thème : « la fonte des glaces : une question brûlante ? ». La gestion raphiales et rotins ne serait-elle pas aussi une question brûlante pour le Cameroun ?
Le rôle des raphiales dans la région des hautes terres de l’Ouest Cameroun s’impose à nous tous. Elles constituent en effet les derniers morceaux de végétation naturelle qui marquent les paysages de la région. Elles sont des sources de richesses pour l’ensemble des populations et sont une biodiversité exceptionnelle. La civilisation des grassfields n’est-elle pas construite avec les produits des raphiales? L’importance socio-économique et culturelle du vin et du bambou raphia est évidente. L’artisanat développé autour des raphiales traversent aujourd’hui nos frontières. Pourtant des avis autorisés et des faits indiquent que nous assistons à une sorte de « fonte » rapide des raphiales de nos régions. Si les tendances actuelles étaient maintenues nous courons à une catastrophe inimaginable. Il est établi le rôle des raphiales dans la protection des ressources en eau dans notre environnement de montagnes. Les raphiales sont indicatrices des cours d’eau et des ruisseaux. Elles jouent un rôle de premier plan dans le maintien du régime hydrographique des provinces du Nord-Ouest et de l’Ouest. La production maraîchère est la première à être pointée du doigt. Assistons-nous à la condamnation à la disparition des raphiales? Les perspectives de changement climatique que cela entraînerait dans la région ne sont pas sans inquiétudes. Dans certaines communautés les conséquences de la destruction massive des raphiales se font sentir de manière dramatique. La destruction du couvert végétal ne va qu’aboutir à la désertification, donc à l’accentuation de la situation de pauvreté de nos populations. Les facteurs en jeu sont certainement complexes et méritent une analyse approfondie. Il existe des possibilités de freiner les menaces qui viennent.
Nous sommes dans l’urgence des actions concrètes. Nous sommes dans l’urgence des actions synergiques. Nous avons en notre pouvoir la capacité de faire avancer les choses au profit de nos populations. Comment mieux gérer les raphiales et rotins dans les quatre provinces concernées par le projet et au Cameroun tout court ?
Je souhaite un travail fructueux à l’ensemble des acteurs ayant répondu à notre invitation. Sur ce, je déclare ouvert l’atelier de concertation sur la gestion les raphiales et rotins.
Pr Anaclet FOMETHE
Dschang, le 06 juin 2007









Allocution d’ouverture du Directeur du GIE-UDS
Monsieur le Préfet
Monsieur le Recteur
Monsieur le Maire de la Commune Rurale
Mesdames et Messieurs les hauts responsables de l’Université de Dschang
Leurs Majestés,
Mesdames, Messieurs les invités et participants à l’atelier,

Le GIE-UNIVERSITE DE DSCHANG, qui est heureux de pouvoir contribuer à l’animation du présent atelier est également très heureux de vous souhaiter à toutes et à tous une chaleureuse bienvenue.
L’atelier d’aujourd’hui se tient à mi-parcours de la réalisation des activités programmées dans le cadre du projet dénommé : analyse de la gestion des ressources naturelles dans les régions des Hautes Terres et Côtières du Cameroun : cas des raphiales et rotins.
Répondant à un appel d’offre lancé par la FGF, le GIE-UNIVERSITE DE DSCHANG l’a soumis en Novembre 2006. Il a été présélectionné et finalement accepté par le comité de pilotage de la FGF en fin Janvier 2007.
L’atelier d’aujourd’hui est le fruit d’un travail acharné d’une équipe essentiellement composé d’enseignants et d’étudiants de l’Université de Dschang, sous l’impulsion et la coordination de Monsieur MEUTCHIEYE Félix (un brillant étudiant doctorant, pur produit de l’Université de Dschang dont nous avons tout lieu d’être fier) qui va nous présenter les contours, les articulations et le déroulement des activités du projet dans un instant.
Je tiens à féliciter tous les membres de cette équipe multidisciplinaire qui se reconnaissent et que je n’ai pas besoin de présenter maintenant puisque Monsieur MEUTCHIEYE Félix le fera certainement lors de sa présentation.
J’ai parlé tantôt de la FGF, qui est la FGF ?
Il s’agit d’un Programme dénommé, FGF, qui est appuyé par le Départment For International Development, RU (UK) et la SNV (Organisation Néerlandaise de Développement) et bien entendu les autorités Camerounaises.
Parmi les objectifs de la FGF l’on relève en bonne place :
-La conservation des écosystèmes forestiers,
-La gestion et l’exploitation équitable et durable des ressources naturelles qui permettent de répondre aux besoins locaux et nationaux des générations actuelles et futures, avec un souci constant de conservation de l’environnement.
Voilà brièvement qui est la FGF. S’agissant du GIE-UNIVERSITE DE DSCHANG alors, se demandent certains. Je dois avouer qu’une question plus précise m’a d’ailleurs été posée et ceci, par un de nos partenaires qui s’intéresse de près aux raphiales dans ses rapports avec la préservation de l’environnement.
Il m’a demandé ceci : « GIE-UNIVERSITE DE DSCHANG, il s’agit bien d’un groupement d’intérêts économiques ». Je lui ai répondu oui, c’est bien cela. Alors il m’a demandé : d’où vient donc votre intérêt pour la gestion des ressources naturelles notamment les raphiales et rotins et surtout, comment comprendre votre préoccupation pour les problèmes de l’environnement ? J’ai été dans un premier temps surpris, que mon interlocuteur soit surpris par l’intérêt que le GIE porte à la gestion durable des ressources naturelles, dont les raphiales et rotins et aux problèmes de l’environnement, car pour moi, cela allait de soi. Puis, je me suis ravisé, comprenant que, pour mon interlocuteur, et certainement pour d’autres personnes j’avais des explications à fournir. Je lui ai alors répondu ceci : Le GIE-UNIVERSITE DE DSCHANG est une émanation et un outil de l’Université de Dschang. Il est en conséquence un GIE bien entendu, mais un GIE, avec des spécificités, car, émanation de l’Université, il doit en toute circonstance épouser et refléter les préoccupations fondamentales de l’Université.
Ainsi, l’Université de Dschang, et le GIE-Université de Dschang en conséquence ne sauraient en aucun cas rester indifférents par rapport aux préoccupations de gestion rationnelles et durable de nos ressources naturelles, ni aux problèmes relatifs à la préservation de l’environnement.
Et c’est le lieu de rappeler l’une des missions fondamentales du GIE-Université de Dschang, qui est de faciliter un ancrage effectif de l’Université tant à son environnement naturel, qu’à son environnement socioprofessionnel et économique.
Le GIE y parviendra entre autres par un marketing opérationnel des potentialités scientifiques et technologiques, ainsi que les expertises dont regorge l’Université.
N’est-il pas aujourd’hui bien établi, que les ressources les plus précieuses des nations, ce n’est plus ni l’or jaune, ni l’or noire, mais l’or gris, c'est-à-dire la matière grise, les expertises ?
Pour finir, Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, je dois dire combien je suis heureux que ce projet pour lequel je dis mille fois merci à la FGF, ai permis de rassembler aujourd’hui, et en ce lieu, un échantillon varié et j’allais dire quasi représentatif des acteurs impliqués à divers niveaux et à divers titres aux préoccupations de gestion rationnelle et durable de nos ressources naturelles, les raphiales et les rotins pour l’instant.
Je souhaite à nouveau à toutes et à tous une très chaleureuse bienvenue et un séjour agréable et fructueux parmi nous, mais agréable parmi nous.
Je vous remercie
Pr Joseph DJOUKAM
Dschang, le 06 juin 2007
























1. Introduction
L’un des préalables de l’implication réelle de l’ensemble des acteurs dans la gestion d’une ressource est l’harmonisation de leurs besoins et intérêts, mais aussi de leurs perceptions et représentations de ladite ressource. La dynamique actuelle de la gouvernance forestière et environnementale au Cameroun exige la prise en compte de tous les points de vue. Cela nécessite singulièrement un accès équitable à l’information qui passe par la facilitation de la communication. L’atelier proprement dit a suivi directement les cérémonies d’ouverture présidé par le Recteur de l’Université de Dschang qui en a profité pour relever l’importance de telles assises au profit de l’épanouissement de nos populations et du développement des connaissances.
1.1 Présentation du projet et justificatifs des objectifs

La gestion des naturelles au Cameroun en général connaît des atouts et des insuffisances:
� Un PNGE, mais pas suivi;
� Une Loi Cadre (1994) sur les forêts et l’Environnement, mais faiblement appliquée;
� Un PSFE, qui tarde à se mettre en route;
� Une diversité d’acteurs, avec des articulations faibles;
� Une richesse naturelle inouïe, mais systématiquement surexploitée
� Une FGF disposée à co-financer des projets dans le secteur de la gouvernance forestière et environnementale.

Parmi les produits les plus exploités, le bois (taux de déboisement près de 2%) et les PFNL; mais on maîtrise peu la situation précisément pour ce qui concerne:

Les raphiales :
Le PHO à travers le PDRPO a encouragé la destruction de plus de 10.000 ha de raphiales; l’agriculture de contre saison fait reculer cet écosystème particulier des hautes terres de l’Ouest.
Les rotins :
Des milliers de mètres de rotins sont extraits des forêts; l’exploitation du bois détruit les milieux naturels et les peuplements de rotins dans les régions côtières.


1.2 Objectifs de l’atelier
1.2.1 Objectif global
Mettre à disposition des informations pertinentes relatives à la gestion des raphiales et des rotins dans les régions de référence (provinces de l’Ouest, Nord-Ouest, Sud-Ouest et Littoral).

1.2.2 Objectifs spécifiques
- Capitaliser les informations relatives à la gestion des raphiales et rotins en régions des Hautes Terres et côtières ;
- Identifier des actions urgentes à mener pour préserver les raphiales et les rotins.
1.3 Approche méthodologique
Les stratégies du projet sont respectivement : l’Organisation des réunions et ateliers, la collaboration avec des Universitaires et OSC oeuvrant dans la Gestion des Ressources Naturelles, l’exécution des activités de recherches thématiques et enfin la création et l’animation des groupes de travail.
L’atelier a été bâti sur des méthodes participatives alternant :
-les courts exposés,
-les travaux de groupes avec des termes de références spécifiques,
-les restitutions et synthèses,
-la projection documentaire (« Le palmier raphia des hautes terres »),
-les échanges d’expériences
1.4 Animation et Capitalisation

L’animation de l’atelier a été assurée par le Coordinateur du Projet Raphiales et Rotins. Deux rapporteurs membres de l’équipe locale du projet compilaient les informations.






2. Echanges d’expériences dans la gestion des raphiales et rotins
De courtes communications orales avaient sollicitées des structures au regard de leur expérience en matière de gestion des ressources raphiales et rotins. Elles étaient suivies de commentaires et des questions des autres participants. Les expériences ont été réparties sur deux grands champs en fonction des types d’institutions.
2.1 Objectifs
Cette rencontre de concertation a servi d’occasion pour :
-découverte des acteurs impliqués dans la filière concernée ;
-identification des atouts et opportunités actuelles
Les textes qui suivent sont des synthèses des propos et apports de la plénière.
2.2 Les administrations
Elles jouent un rôle de premier plan dans la gestion des ressources à travers ses activités de régulation et de police, mais aussi d’accompagnement.
2.2.1 Les services déconcentrés de l’Etat
Le Ministère des Forêts et de la Faune : « La gestion des raphiales dans le Nord-Ouest » par M. Emmanuel CHIN, Délégation Provinciale MINFOF North West. Contrairement aux autres PFNL, les produits issus des raphiales sont difficiles à contrôler, notamment dans l’attribution des autorisations d’exploitation. Au regard de nos fonctions (veiller à l’application de la réglementation), nous sommes souvent mal compris. Ainsi, les travaux de monographies complètes des raphiales sont en cours et en association avec les communautés rurales malgré les réticences ; les terrains appartiennent traditionnellement aux individus et selon la loi au domaine public. Les rotins exploités par les artisans proviendraient de la province du Sud-Ouest. Il faudrait encore localiser les poches possibles de production. Ces rotins sont commercialisés par des occasionnels qui en font des produits d’appoints lors des voyages dans la zone du Sud-Ouest.

Le Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature : « La Politique environnementale régionale de la province de l’Ouest » par M. Martin WAMBA, Délégation Provinciale MINEPN Ouest.
En absence de directives nationales spécifiques aux ressources raphiales qui sont très exploitées dans la province de l’Ouest, les actions se limitent à la sensibilisation. Pourtant les constats sont effrayants.
Le Ministère de l’Agriculture et du développement Rural : « La présentation du projet de valorisation des bas fonds » par M. Marcous MACTHIOH, Délégation Provinciale MINADER Ouest.
Le projet valorisation des bas fonds veut former des populations paysannes à la maîtrise des ressources en eau en vue d’augmenter les rendements agricoles. Ce projet financé sous fonds PPTE est d’envergure nationale et pour la province de l’Ouest concerne pour le moment quelques 3.000 paysans. Le but est d’aménager des dizaines d’hectare et d’équiper les bénéficiaires en matériel d’irrigation (motopompes) pour faciliter la culture de contre saison. La différence avec les précédents projets touchant les raphiales est que le présent projet ne détruit pas les espaces, mais sur la base d’études encourage l’exploitation rationnelle des ressources en eau. Les études préalables ne sont pas bouclées. Les impacts possibles n’ont pas été totalement abordés.
2.2.2 Les médias publics
Station CRTV Sud-Ouest : « Les médias et l’environnement » par M. Bertrand OSSOMBA, Buéa. L’environnement n’est pas manifestement un thème très prisé des médias publics au Cameroun. L’expérience personnelle fait ressortir à ce niveau deux gros obstacles : le manque d’intérêt des pouvoirs publics à définir des canaux précis et aussi la faible disponibilité des sources (experts) susceptibles de collaborer dans la collecte des informations et l’animation des espaces offerts. Nous en restons à des interventions évènementielles sans plus. L’éruption volcanique du Mont Cameroun a servi d’occasion de faire des programmes très écoutés, mais la suite est connue.

Station CRTV Nord-Ouest : « La communication environnementale » par M. René TCHOUAMO, Bamenda.
La sensibilisation sur les enjeux de la protection de l’environnement est pratiquement faible dans nos médias en dépit des problèmes. Ce sont surtout des organisations de la société civile qui semblent tenir la proue dans ce domaine, mais pas toujours de manière professionnelle. Ces dernières années, une brochette de programmes et documentaires a pu être réalisée sur des sujets divers touchant au quotidien de nos populations.
2.2.3 Les institutions de formation et recherche
Université de Dschang : « Importance de l’étude des écosystèmes et état des lieux sur les rotins et raphiales » par Dr Yves Jonas PINTA, Faculté de Sciences, Université de Dschang. L’étude écologique des raphiales et des rotins est déterminante pour la préservation de ces ressources. Les moyens scientifiques disponibles aujourd’hui sont assez vastes, mais peu exploités : transects, sorties de terrain, inventaires, arboretum…
2.3 Les organisations de la société civile
Association TOCKEM : « Le tourisme régional et ressources naturelles » par M. Modeste YOMBANG, Bafou-Dschang. Les raphiales sont à la base d’une énorme proportion de la culture des grassfields. En dehors des aspects architecturaux, on peut exploiter les autres possibilités qu’offrent les raphiales en innovant avec des circuits intégrés dans des raphiales aménagées comportant toutes les activités de découvertes possibles.
Light Africa Cameroon : « L’impact du renforcement des capacités de gestion environnementale» par M. MacEtienne FORBA FOHTUNG, Bamenda.
La formation des populations rurales est déterminante pour la réussite de leur implication dans une gestion efficace des ressources. Ainsi, les enquêtes que nous menons en direction des artisans montrent les besoins de connaissances des acteurs concernant les ressources exploitées. Les raphiales et le rotins bien que courants ne sont pas bien maîtrisés par les consommateurs.

Action pour le Développement Intégral et Durable (ADEID) : « L’accompagnement des communautés rurales dans la gestion des ressources naturelles » par M. Michel TAKAM, Bafoussam.
La problématique de la préservation des raphiales dans la région de l’Ouest Cameroun domine les activités de notre organisation depuis plus de 16 ans. Les perspectives que nous encourageons sont du domaine de la formation des populations en général et surtout des exploitants : artisans et création d’un centre de référence des métiers du raphia dans la province. Actuellement un projet est en cours sur la promotion de la régénération des raphiales. Au moins 7.000 pieds de raphia seront plantés. Il est effectué la germination des graines et la récupération des sauvageons pour dissémination auprès des groupes ciblés.
Centre de Promotion des Artisans de Bafoussam (CEPAB) : « L’encadrement du monde artisan» par M. Barthélamy TCHINDA, Bafoussam.
Le monde artisan dans la province est peu structuré ; l’accent est mis sur l’élaboration des procédés visant à améliorer les produits et aussi la commercialisation. Pour ce qui est du raphia, le manque des ressources de qualité commence à se ressentir, d’où l’intérêt actuel à encourager la régénération par une collaboration avec la recherche.
Synthèse : Les découvertes ont été exceptionnelles pour tous autour des échanges.































3. Le contexte, les problèmes et les opportunités
Les participants ont été répartis en quatre groupes sur des thèmes précis avec pour termes de référence de faire la situation et aussi des propositions. Les résultats validés en plénière sont intégralement repris ci dessous.
3.1 Réglementation et aspects socioculturels :

3.1.1 Réglementation :
• Définition de la réglementation : ensemble des normes juridiques auxquelles il faudrait se conformer en matière d’exploitation des raphia et rotins. Voici celles qui sont connues en matière de gestion forestière :
i. Loi N°96/12 du 05 août 1996 portant Loi-Cadre relative à la gestion de l’environnement ;
ii. Loi N°94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche ;
iii. Loi portant régime foncier au Cameroun ;
iv. Loi coutumière portant l’exploitation et régénération des forêts ;
v. La convention internationale RAMSAR sur la gestion des zones humides.
Problèmes :
i. La Loi-Cadre de 1996 ne fait pas mention des raphias et ne présente pas de décret d’application ;
ii. Pour la Loi forestière, les raphias ne font pas partie des produits forestiers spéciaux soumis à une autorisation ; la loi forestière n’est pas claire quant à la gestion des raphias.
iii. Pour les rotins, les droits d’usage ne limitent pas les quantités à exploiter ;
iv. Toujours pour les rotins, il n’y a pas d’inventaire préalable avant l’octroi des autorisations d’exploitation ;
v. Encore pour les rotins, il n’y a pas de technique durable de récolte vulgarisée ;
vi. Pas de texte d’application de la convention RAMSAR.

Solutions :

i. Ecrire et soumettre un projet de Loi et textes d’application protégeant les raphiales ;
ii. Faire des inventaires de ressources avant l’attribution des autorisations ;
iii. Sensibiliser et renforcer les capacités des exploitants, sanctionner l’exploitation illégale ;
iv. Elaborer des textes d’application de la Convention RAMSAR ;
v. Suivre les travaux de l’atelier qu’il y a eu lieu sur la Convention RAMSAR ;
vi. Mettre en place une base de données actualisée sur tous les textes de loi relatifs aux raphiales et rotins.
3.1.2 Aspects socioculturels :

Définition : Données coutumières à considérer dans la gestion des raphiales et rotins.
• Problèmes :
i. Manque de compromis entre les coutumes et la Loi ;
ii. Mentalités peu avisées : les gens du commun pensent que le raphia et le rotin sont des ressources « non-périssables » ;
iii. La densité de population pousse à une exploitation abusive des raphiales et des rotins.

Solutions :

i. Prise en compte des contraintes socioculturelles dans l’élaboration des lois ;
ii. Sensibiliser les populations sur la nécessité d’une exploitation rationnelle des raphiales et rotins ;
iii. Intégrer les collectivités territoriales et les communautés ;
iv. Harmoniser l’usage des termes comme produits forestiers ligneux ou produits forestiers spéciaux.
Synthèse : Les populations indexées le plus souvent n’ont pas été consultées dans le processus de l’élaboration des réglementations en vigueur. Pourtant, elles ont une expérience à mettre à profit.
3.2 Communication et sensibilisation :

3. 2.1 Contexte et objectifs :
Les espèces des raphiales sont en péril (destructions et surexploitation), quasi-silence des médias et pouvoirs publics, ignorance des principaux exploitants
3.2.2.1 Objectifs :
Informer, éduquer et sensibiliser pour une gestion durable des ressources naturelles ;

3.2.2.2Groupes cibles :
-Exploitants ;-Consommateurs ;-Experts, pouvoirs publics…
3.2.3 Approche :
Elle devra être à la fois thématique et interactive pour faciliter l’implication de tous.
3.2.4 Stratégies :
� Créer une banque de données des communicateurs et personnes ressources (textes réglementaires, données agronomiques, culturelles et artisanales…) ;
� Créer un site Internet ou un Blog ;
� Impliquer les radios rurales et les TV ;
� Produire des spots en langues nationales et officielles ;
� Impliquer les TV pour interpeller les décideurs ;
� Organiser des Quizz radio et TV ;
� Imprimer et distribuer des T-shirt (avec messages) ;
� Publier et diffuser des articles de presse et dépliants.
3.2.5 Planning et organisation :
Actions permanentes :
- Magazines radio et TV ;
- Rubriques dans la Presse
Actions ponctuelles :
- Organiser des campagnes périodiques avec slogans ;
- Faire des caravanes (radio mobiles).
3.2.6 Suivi et Evaluation :
� Faire des enquêtes régulières (auditoires) ;
� Rencontre des synergies (réseau des communicateurs) ; � Evaluer le rapport d’écoute (statistiques).
Synthèse : La communication dans la gestion des ressources raphiales et rotins est encore faible; les références sont souvent inaccessibles et non à jour.
3.3 Ecologie et régénération des raphias et rotins
Au regard des lacunes dans ce domaine, les points sont directement des suggestions.
3.3.1 Ecologie
o Détermination et étude des biotopes :
o Cartographie
o Topographie
o Sols
o Microclimats
o Hydromorphie
3.3.2 Définition et caractérisation des espèces :
� Bibliographie,
� Sorties de terrain,
� Herbier,
� Arboretum (collections vivantes),
3.3.3 Services écologiques :
- Disponibilité de l’eau,
- Niche écologique,
- Interrelations entre communautés vivantes
3.3.2 Régénération :
o Etudes phénologiques des espèces (raphia et rotin) ;
o Techniques de production de plants ;
o Techniques de culture ;
o Vulgarisation des connaissances (fiches techniques).

Synthèse : La recherche concernant les raphiales au Cameroun est encore assez inexplorée et les points soulevés interpellent plus les institutions de formation et recherche.


3.4 Exploitation – commercialisation et valorisation des rotins et raphiales
3.4.1 Exploitation :
3.4.2.1Définition :
Prélèvement d’une ressource à une fin (forme de mise en valeur, forme de gestion de la ressource)
3.4.2.2Plantes sur pied :
� Feuilles (nattes, balais, chasse-mouches, fibres…) ;
� Moelle (matière première de maquette, emballages, cordages, contre vents…) ;
� Liane (fibres pour liens, tissages…) ;
� Sève comme breuvage ;
� Fruits (consommation, artisanat…).
3.4.2.3Portions végétales séchées :
� Fruits (semences…) ;
� Feuilles et bois-énergie…
� Bambou (artisanat, matériaux de construction, bois-énergie, élevage, pêche, agriculture, maquette fabrication de jouets…) ;
� Souche (bois-énergie).
3.4.2.4 Plantations :
� Espace culturel (raphiales) ;
� Réserves naturelles ;
� Espace de production (agriculture, élevage, pisciculture, apiculture…)

3.4.2 Valorisation :
3.4.2.1 Définition :
Formes d’amélioration apportées à une ressource pour lui donner une valeur ajoutée.

3.4.2.2Plantations :
Espaces d’attraction, exploitations intégrées…
3.4.2.3Plantes :
Artisanat, ameublement, décoration, assortissements, habillements, instruments de musiques…
3.4.3 Commercialisation :
� Expositions vente (centre artisanal régional, foires…) ;
� Concours divers ;
� Exportation (facilités et promotions).
3.4.4 Recommandations :
-Mise en place d’un Programme de recherche (interdisciplinaire) sur : la production, la conservation et la commercialisation du vin raphia ;
-Intégration des fibres de raphia dans la production textile ;
-Subventionner des ateliers de production en vue de la valorisation des produits de raphias et rotins ;
-Intégration de la formation à l’artisanat du bambou et rotin et leur utilisation dans les travaux pratiques au sein des établissements scolaires (techniques) ;
-Création d’une journée nationale du bambou et du rotin ;
-Intégration par la MIPROMALO du bambou et rotin comme des matériaux pilote de construction dans son programme de vulgarisation et de promotion des matériaux locaux.
Synthèse : Une meilleure valorisation technologique des produits des raphiales et rotins permettrait de préserver ces ressources. Cela passerait aussi par la formation dans nos établissements de formation (construction, ameublement…).










4. Eléments de mise en place d’un cadre de travail
Aborder la gestion des ressources naturelles dans le sens de la durabilité nécessite des engagements de tous bords. Les groupes avaient reçu des termes de références relatifs à des aspects de ce cadre de travail à envisager.
4.1. Structure, organisation et fonctionnement
4.1.1 Structure :
� Forme conseillée: réseau des acteurs;
� Dénomination : Réseau Raphia-Rotin du Cameroun (R3C).
4.1.1 Organisation :
4.1.1.1 Assemblée Générale (AG) :
· Membres de droit (organisations),
· Membres affiliés (individus),
· Autorités traditionnelles.

4.1.1.2 Comité de pilotage (CP):
Représente toutes les sensibilités (ONG, OSC, administrations publiques, chercheurs, représentant des associations des acteurs de la filière Raphia-Rotin ; à cette structure est accolée une Cellule Scientifique ;
4.1.1.3 Unité de Coordination (UC) :
Pour coordonner les activités du réseau et faciliter la circulation des informations ;
4.1.1.4 Points Focaux Régionaux (PFR) :
Entités de représentation du réseau dans des zones préalablement définies.
4.1.2 Fonctionnement :
4.1.2.1 Vision :
Les régions des Hautes Terres et Côtières du Cameroun sont des zones où les populations gèrent durablement les ressources raphiales et rotins d’ici 2030 ;
4.1.2.2 Mission :
Contribuer à la conservation et à la valorisation du raphia et du rotin.
4.1.2.3 Stratégies :
Les objectifs devant être précisés ultérieurement…
Les stratégies sont les suivantes :
� Education – sensibilisation ;
� Communication ;
� Recherche (multidisciplinaire) ;
� Vulgarisation ;
� Documentation ;
� Recherche des financements ;
� Concertation multi-sectorielle permanente ;
� Visites de terrain ;
� Organisation des Journées Portes Ouvertes.
4.1.3 Recommandations :
Désignation d’un comité chargé de la rédaction du draft des statuts du Réseau ; Définition des groupes thématiques.
4.2. Communication – Documentation – Animation :
4.2.1 Communication :
4.2.1.1 A l’interne :
� Mise à disposition d’un répertoire des acteurs et participants ;
� Création d’un Comité de validation des publications scientifiques ; � Création d’une cellule de communication (consultants au sein du GIE) ;
4.2.1.2 A l’externe :
� Identifier et responsabiliser les journalistes ayant une sensibilité aux questions environnementales ;
� Identifier et intéresser les médias des zones concernées ;
� Mener une communication thématique coordonnée.
4.2.2 Documentation :
� Recherche et collecte des documents sur les raphiales et les rotins ;
� Créer un website et un blog ;
� Mise en ligne et actualisation permanente des informations rassemblées,
� Création d’un Centre Documentaire sur les ressources Raphiales et Rotins.
4.2.3 Animation :
� Publication d’un organe de reliance (Raffia and Rattan NewsLetter); � Organisation des tables rondes (campus universitaires…).
4.3. Financement du réseau :
4.3.1 Sources de financement :
4.3.1.1 Fonds propres :
� Frais d’adhésion ;
� Cotisations annuelle et ponctuelle ;
� Prestations de service.
4.3.1.2. Subventions de l’Etat :
� Fonds PPTE ;
� Apports des institutions de recherche et d’enseignement ;
4.3.1.3Subventions des ONGs :
� IUCN ;
� WWF ;
� World Agroforestry Centre (ICRAF) ;
� CERUT.
4.3.1.4 Coopération internationale (bilatérale ou multilatérale):
� Coopérations : allemande, néerlandaise, suisse, italienne, espagnole…
� INBAR ;
� Africa Centre for Crop Improvement (ACCI);
� OIBT ;
� WCS ;
� UNESCO;
� PNUE;
� Smithsonian Institute.
4.3.2 Accès aux sources:
� Consulter le Manuel de Financement des Organisations (de Fernand VINCENT) ;
� Saisir les opportunités de financements offertes localement et maîtriser les canevas de demandes d’appui des bailleurs locaux (FGF, Ambassades, Fondations…) ;
� Consulter Internet ;
� Consulter le Centre des Techniques Agricoles (CTA).
4.4. Suivi et Evaluation :
4.4.1 Suivi :
4.4.1.1 Activités (planification) :
� Inputs ;
� Réalisation des activités ;
� Outputs ;
� Outcomes ;
� Chronogramme
4.4.1.2 Indicateurs (paramètres quantifiables)
� Evaluation (spécifique et globale),
� Importance ;
� Efficacité ;
� Effectivité ;
� Durabilité ;
� Impact.
4.4.3 Capitalisation
Synthèse : Les pistes sont ainsi toutes tracées pour la mise en place d’un cadre permanent de travail sur la gestion des raphiales et rotins susceptibles de s’étendre à d’autres ressources et localités.




















5. Principales recommandations et résolutions
Au terme des travaux, les participants à l’atelier de concertation sur la gestion des raphiales et rotins au Cameroun,
- conscients de l’urgence des actions convergentes et synergiques,
- sensibles aux interpellations soulevées au cours des travaux,
- satisfaits des résultats et du cadre de la rencontre,
- au regard de la situation dressée et documentée,
- engagés à traduire en action leurs propositions dans un esprit de collaboration
Recommandent :
- le suivi de l’élaboration des textes relatifs à la convention RAMSAR au Cameroun,
-l’harmonisation régionale entre les réglementations traditionnelles et officielles en matière de gestion des raphiales et rotins,
-la mise à disposition des informations relatives à ces ressources en direction des acteurs,
-l’identification des acteurs à tous les niveaux impliqués dans la gestion des ressources raphiales et rotins ;
-la constitution des groupes thématiques locaux ou régionaux.
Prennent les résolutions suivantes:
- de la création en date du 07 juin 2007 d’un réseau de concertation « Raphia-Rotins du Cameroun »,
- de la mise sur pied d’un comité ad hoc chargé de la proposition des textes statutaires, Dr HATCHEU Emil TCHAWE, M. NTABE Eric N., et M. Félix MEUTCHIEYE tous de l’Université de Dschang, devant proposer un draft aux membres présents à l’atelier au plus tard à la fin du mois de juin 2007,
- Convocation d’une AG (avec la contribution de chaque membre),
- de recourir au Recteur de l’Université de Dschang pour la concrétisation de l’assemblée constitutive avant la fin de l’année 2007.

Aucun commentaire: